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Philosophe et professeure de philosophie, Fabienne Brugère est spécialisée en esthétique et histoire de l'art, philosophie morale et politique, et théorie féministe. Elle a introduit en France le travail de Judith Butler et contribue à éclairer des notions comme l'hospitalité, le care ou l'éco-féminisme, qu'elle évoque ici. Partant de ce grand enjeu que constitue, selon elle, la lutte contre les violences de toutes sortes, de plus en plus visibles aujourd'hui, elle évoque cette urgence de sortir de notre représentation binaire du monde, par la construction d'une alternative, un programme politique éco-féministe. Le système de capitalisme patriarcal, fondé sur la maitrise, le contrôle, la domination, qui s'est développé pendant l'époque moderne, se traduit par une usure du monde, alors que nous devrions en faire usage. Comment sortir de ce système de marchandisation ? en soutenant des luttes collectives qui promeuvent d'autres modes d'action : le care, le prendre soin. C'est à dire : prendre en considération à la fois la vulnérabilité et le pouvoir agir avec cette vulnérabilité ; savoir écouter, voir, et agir ensuite. Il faut sortir du pouvoir "sur", et activer le pouvoir "du dedans", la puissance d'exister. Puis, agencer ces puissances d'exister, pour qu'elles deviennent collectives. Parmi ces "puissances collectives", on trouve aujourd'hui une grande richesse et une grande inventivité des féminismes du sud, qui vont permettre de réinventer les féminismes du nord. Et d'inspirer ce peuple des femmes, en devenir dont on a besoin aujourd'hui : la révolution des femmes ne peut se penser sans une action politique.
